Volume 314

Ovide épistolier

by Daniele Roussel

Published 31 December 2008
Cette étude, qui s’inscrit dans une réflexion générale sur la forme
épistolaire et sur l’écriture du moi à Rome, met en rapport le recueil
de jeunesse des Héroïdes, avec les deux recueils de
lettres de la maturité et de l’exil, les Tristes et
les Pontiques, pour mesurer l’évolution de l’art épistolaire
d’Ovide et cerner l’intérêt de la forme de l’épître en vers dans son
÷uvre. Après avoir souligné l'ambiguïté générique de ces trois ÷uvres
littéraires, l'auteur dégage les traits constants d’un art épistolaire
propre à Ovide, en montrant notamment la présence continue d’une même
rhétorique, d’un même univers poétique et d’une même forme de distance
humoristique. Toutefois, si la nature des procédés épistolaires varie
peu, l'ouvrage montre que la fonction assignée par Ovide à la forme
épistolaire évolue, elle, considérablement. Ovide a d’abord exploré,
dans sa jeunesse, de façon ludique, une forme littéraire qui lui
permettait de montrer ses talents de poète et de réfléchir,
parallèlement, à son art. Puis, face à l’expérience de la solitude et de
la relégation, en réutilisant une forme qu’il maîtrisait parfaitement et
qui était caractéristique de son génie, il en a mesuré les enjeux. Il
fallait dépasser le paradoxe des Héroïdes et la
maladresse des épistolières, pour parvenir, grâce à une maîtrise
parfaite de la forme épistolaire, à exprimer l’intime et la vérité d’une
expérience inédite. Il fallait se faire « grand poète », nouvel
Acontius, non pas pour tromper, mais pour parvenir à communiquer, malgré
les difficultés, avec les Romains et ainsi à rester vivant. Le projet
était ambitieux, mais il semble qu’Ovide ait réussi, grâce à la
transformation poétique d’ une forme traditionnelle, à conférer à
l’écriture