Paroles de salauds

Published 1 January 2013
La publication des Bienveillantes de Jonathan Littell (2006) a projete sur l'avant-plan la figure inquietante du " salaud " (ou du " monstre ", ou du " bourreau ") prenant la parole. Cette figure n'est pas inedite. Au debut des annees cinquante, Robert Merle avait deja octroye le monopole narratif au monstre par excellence que fut Rudolf Hoess, le commandant d'Auschwitz. Meme un Jean-Paul Sartre, dans une nouvelle celebre parue en 1939, avait fait parler l'infame. D'autres ecrivains, a diverses epoques et issus d'aires linguistiques differentes, n'ont pas hesite a mettre en place des dispositifs enonciatifs comparables, tels Jorge-Luis Borges, Alberto Moravia, Edgar Hilsenrath, Harry Mulisch ou Roberto Bolano, parmi d'autres. Le present volume s'interroge sur les strategies d'interpretation que le lecteur peut mettre en oeuvre face a ces prises de paroles derangeantes. Qu'est-ce que l'abjection et comment lutter contre elle?