Monographies du Centre de Recherche d'Histoire et Civilisation de Byzance - College de France
1 primary work
Volume 46
Ce livre porte sur la culture alimentaire byzantine, sa constitution et
la manière dont elle se différencie des cultures alimentaires juive,
musulmane et chrétienne occidentale. Il se penche sur ses sources
d'inspiration puisqu'elle opère une synthèse entre les exigences
religieuses du christianisme et les recommandations diététiques de la
médecine grecque. Le choix des aliments, la préparation de la
nourriture, comme sa consommation lors de repas, obéissent à des règles
qui changent à travers le temps; or, durant les onze siècles de son
existence, le monde byzantin a connu de profonds changements religieux,
culturels et politiques. Il est entré en contact avec des populations
ayant leurs propres traditions culinaires ou leurs interdits
alimentaires et il a donc été soumis à des influences diverses. La
culture alimentaire byzantine naît d'une rencontre entre les traditions
culinaires du monde romain, les habitudes alimentaires des différentes
populations du monde méditerranéen et les nouvelles règles de l'éthique
alimentaire chrétienne, favorisant la frugalité, voire l'ascèse en
matière d'alimentation. Le christianisme byzantin modifie les habitudes
alimentaires, non pas à la manière de l'islam ou du judaïsme en
établissant une liste d'aliments et de boissons interdits, conduisant à
une modification des productions agricoles, mais en créant une éthique
alimentaire chrétienne dans laquelle le jeûne tient une place
prépondérante. Le livre étudie la mise en place d'un calendrier du
jeûne, faisant alterner des périodes festives et des périodes de
restrictions alimentaires. Le milieu monastique fait naître un régime
ascétique rigoureux qui doit faciliter la maîtrise du corps, dans la
recherche d'une proximité spirituelle avec Dieu, égale à celle des
anges. La création d'un régime alimentaire ascétique par les moines a
une forte influence sur le reste de la société byzantine, parce que la
vie monastique y est perçue comme la voie royale pour entrer au Paradis.
La société byzantine médiévale suit une version adoucie, plus modérée de
cette ascèse alimentaire, qui est toutefois devenue une norme du
comportement chrétien, rejetant le gourmand et, encore plus, le glouton
parmi les pécheurs. Ce livre analyse la manière dont la religion s'est
insérée dans l'alimentation en bénissant ou en sacralisant certains
aliments, par exemple dans le rituel eucharistique. Histoire religieuse
et histoire sociale se combinent donc dans ce travail pour essayer de
comprendre comment s'est élaborée cette culture alimentaire byzantine
que les étrangers de passage perçoivent comme différents de la leur au
Moyen Âge et dont les Byzantins eux-mêmes ont conscience quand ils
critiquent leurs voisins, en particulier les Latins.
la manière dont elle se différencie des cultures alimentaires juive,
musulmane et chrétienne occidentale. Il se penche sur ses sources
d'inspiration puisqu'elle opère une synthèse entre les exigences
religieuses du christianisme et les recommandations diététiques de la
médecine grecque. Le choix des aliments, la préparation de la
nourriture, comme sa consommation lors de repas, obéissent à des règles
qui changent à travers le temps; or, durant les onze siècles de son
existence, le monde byzantin a connu de profonds changements religieux,
culturels et politiques. Il est entré en contact avec des populations
ayant leurs propres traditions culinaires ou leurs interdits
alimentaires et il a donc été soumis à des influences diverses. La
culture alimentaire byzantine naît d'une rencontre entre les traditions
culinaires du monde romain, les habitudes alimentaires des différentes
populations du monde méditerranéen et les nouvelles règles de l'éthique
alimentaire chrétienne, favorisant la frugalité, voire l'ascèse en
matière d'alimentation. Le christianisme byzantin modifie les habitudes
alimentaires, non pas à la manière de l'islam ou du judaïsme en
établissant une liste d'aliments et de boissons interdits, conduisant à
une modification des productions agricoles, mais en créant une éthique
alimentaire chrétienne dans laquelle le jeûne tient une place
prépondérante. Le livre étudie la mise en place d'un calendrier du
jeûne, faisant alterner des périodes festives et des périodes de
restrictions alimentaires. Le milieu monastique fait naître un régime
ascétique rigoureux qui doit faciliter la maîtrise du corps, dans la
recherche d'une proximité spirituelle avec Dieu, égale à celle des
anges. La création d'un régime alimentaire ascétique par les moines a
une forte influence sur le reste de la société byzantine, parce que la
vie monastique y est perçue comme la voie royale pour entrer au Paradis.
La société byzantine médiévale suit une version adoucie, plus modérée de
cette ascèse alimentaire, qui est toutefois devenue une norme du
comportement chrétien, rejetant le gourmand et, encore plus, le glouton
parmi les pécheurs. Ce livre analyse la manière dont la religion s'est
insérée dans l'alimentation en bénissant ou en sacralisant certains
aliments, par exemple dans le rituel eucharistique. Histoire religieuse
et histoire sociale se combinent donc dans ce travail pour essayer de
comprendre comment s'est élaborée cette culture alimentaire byzantine
que les étrangers de passage perçoivent comme différents de la leur au
Moyen Âge et dont les Byzantins eux-mêmes ont conscience quand ils
critiquent leurs voisins, en particulier les Latins.