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La connaissance du monde s'exprime en propositions, que celles-ci soient considerees, selon les theories, comme objets ou comme moyens de la science. Le probleme de la relation entre ces entites linguistiques et les representations mental (intellections, intentions, concepts...) a une longue histoire qui remonte au traite De l'interpretation d'Aristote et aux commentaires de Boece. Apres Guillaume d'Ockham, en effet, l'idee de langage mental est certes une hypothese qui a acquis force et consistance, mais tous les problemes lies a la structuration de la pensee et au rapport entre le langage parle et la pensee ne sont pas resolus. Des questions surgissent sur la structuration meme de ce langage.Le colloque organise a Tours du 1er au 3 decembre 2005 sous les auspices de la Fondation europeenne de la science (European Science Foundation) avait l'ambition de parcourir ces questions en repartant d'Augustin qui est l'initiale medievale du probleme, et en suivant cette histoire jusqu'a l'aube des Temps modernes. Ce parcours historique donc fait une part importante au Moyen Age tardif, a la Renaissance et au XVIIe siecle.
En meme temps, notre ambition etait aussi d'approfondir certains enjeux proprement philosophiques de ce parcours. L'horizon general est la question : est-il possible de considerer le domaine de la pensee comme etant structure a la maniere d'un langage, et par quels moyens conceptuels penser cela ? Comment cette idee peut-elle cesser d'etre metaphorique pour devenir un veritable instrument conceptuel d'investigation des procedures de pensee ? Comment les theories du Moyen Age tardif, de la Renaissance, des debuts des Temps modernes, peuvent elles etre mises en relation avec l'idee contemporaine du " langage de la pensee " ? Dans le meme temps l'emergence de l'idee medievale de langage mental remet en cause ou transforme certains usages de l'intention et de l'etre intentionnel tels qu'ils s'etaient imposes au tournant des XIIIe et XIVe siecles. Les problemes concernant le rapport entre intentions premieres et intentions secondes, intentions concretes et intentions abstraites, disparaissent ou sont considerablement transformes. Comment relier ces transfomations a l'idee contemporaine (ou aux idees contemporaines) d'intentionnalite ?
Si l'idee medievale d'intention recouvre parfois le contenu mental, elle peut aussi designer un aspect de la chose, vise par la pensee. Si l'intentionnalite caracterise les entites mentales comme pensees de quelque chose, quel est le rapport entre cette intentionnalite et la semanticite du langage ? Enfin, les developpements sur le langage mental et ses remises en cause ulterieures nous conduisent a nous interroger sur les usages classiques de la notion de " representation ", une idee qui est elle aussi sinon equivoque du moins polysemique. La notion gagne en importance tant sur un plan metaphysique general (notamment avec Duns Scot) que dans certaines theories logiques et semantiques du XIVe siecle. Mais est-ce dans le meme sens qu'on la retrouvera au XVIIe siecle ?