Book 22

Depuis son identification comme traite distinct au sein du codex VI, en 1962, le traite intitule "Le tonnerre, intellect parfait" n'a cesse de susciter l'etonnement et l'embarras de ses commentateurs. La recherche menee sur ce traite depuis 1970 a cependant permis d'eclairer plus d'un aspect du texte, par exemple, ses liens avec la Sagesse biblique et l'Isis hellenistique ou encore sa forme litteraire, et ont ainsi balise la voie pour tout futur interprete du traite. Mais celui-ci reste confronte a l'aporie hermeneutique creee par l'absence de tout cadre narratif ou d'un contexte mythologique clair, et par un recours systematique a des oppositions et a des antitheses dont on ne sait jamais si elles sont voulues pour elles-memes ou si elles resultent de l'application mecanique d'un procede litteraire. Dans cet ouvrage, une interpretation d'ensemble du traite est presentee ainsi que le premier commentaire consacre a lui. L'ouvrage comporte en outre un texte copte nouvellement etabli, une traduction fracaise, des index du vocabulaire et des formes grammaticales, ainsi qu'une etude de l'orthographe du Codex VI et de la langue du traite.

Book 23

Que vaut le temoignage des martyrs ? Contestant le prestige dont jouissent ces temoins de la foi dans les premieres siecles chretiens, l'auteur du Temoignage Veritable replique que le vrai Dieu ne reclame aucun sacrifice sanglant. Le seul temoignage qu'il exige est celui d'une vie entiere conforme au Verbe de la Verite. Derriere l'argumentation incisive et spontanee d'un auteur de grand talent, se profile toute une conception de la vie chretienne, sous-tendue par un mythe gnostique procedant d'une revision critique du valentinisme. A l'edition et a la traduction de cette homelie gnostique de la fin du IIIe siecle, troisieme ecrit du codex IX de Nag Hammadi, Annie et Jean-Pierre Mahe joignent une introduction et un commentaire, qui nous initient aux multiples aspects du christianisme ancien, partage en une pluralite de courants qui s'accusent mutuellement d'heresie. Coexistence ou rupture ? Dans l'Eglise primitive, le debat est encore ouvert.

Book 27

Compose originellement en grec vers la fin du IIIe ou le debut du IVe siecle, probablement a Alexandrie, ce traite reflete des traditions mythologiques qui sont exposees de facon plus ample et plus precise dans les textes appartenant au groupe des textes sethiens platonisants, notamment "Allogene" et "Zostrien". La maniere dont "Marsanes" reprend ces traditions mythologiques permet de le situer au terme de l'evolution litteraire attestee par ces textes. "Marsanes" est l'un des plus mal preserves des cinquante-quatre traites de la bibliotheque de Nag Hammadi. L'intention du traite est d'etablir l'autorite de Marsanes comme prophete, voyant et chef spirituel de sa communaute, et de presenter un enseignement detaille sur les principes premiers de la theologie sethienne, notamment sur la nature et la destinee de l'ame. Ce qui est particulier a "Marsanes", c'est son souci de reveler les 'appellations' correctes des anges et des dieux, ainsi que des puissances planetaires et cosmiques qui controlent la destinee de l'ame, d'ou un interet tres grand pour les categories grammaticales et astrologiques.
D'autre part, le traite est parseme d'exhortations qui montrent bien la relation etablie par l'auteur entre la connaissance qu'il communique a ses auditeurs et leur acces au salut. Le traite "Marsanes" presente une dette tres grande envers la tradition grecque, qu'il s'agisse des theories grammaticales, des speculations astrologiques et arithmologiques ou de la philosophie. Sur ce dernier plan, Marsanes se revele etonnament proche de philosophes neoplatoniciens comme Jamblique et Theodore d'Asinee. Le present volume offre une introduction developpee au traite "Marsanes", un texte copte nouvellement etabli, une traduction francaise, le premier commentaire a etre consacre a cet ouvrage, ainsi qu'un 'index verborum' complet.

v.32

L'ecrit intitule "La Pensee Premiere a la triple forme" nous a ete conserve dans une version copte par un seul temoin manuscrit, le codex XIII de la collection des papyri decouverts en Haute-Egypte, pres de Nag Hammadi, en 1945. Comme le suggere son titre, copie en grec ("Protennoia trimorphos"), et certains autres traits, cet ecrit a ete compose dans cette langue, mais aucun temoin de l' original grec ne nous a ete transmis. Sur le plan litteraire, le traite n'appartient a aucun des genres largement atestes dans le corpus de Nag Hammadi, traites didactiques, apocalypses, apocryphes vetero- ou neotestamentaires. Il s'agit plutot d'un texte hybride, a la fois hymne et discours didactique autodeclaratoire a la premiere personne du singulier, qui integre des interpellations, des interventions des destinataires et des developpements narratifs. Comme pour mieux refleter la nature triadique de son protagoniste, l'ecrit est divise en trois parties ou discours, clairement identifies par un sous-titre propre a chacun.
Ce protagoniste est en fait un personnage feminin ou plutot androgyne, dont l'identite ne fait pas de doute: il s'agit litteralement de la "premiere pensee", ou de la premiere emanation, de l'Invisible ou du Pere, donc du second principe superieur. Cette Premiere Pensee doit etre identifiee a la puissance dont l'emergence depuis l'eon paternel est relatee dans le "Livre des secrets de Jean", qui l'appelle Pronoia et Barbelo. La mise en scene que fait notre traite de ce personnage, si elle depend de celle du "Livre des secrets", est neanmoins originale, dans la mesure ou le redacteur, pour representer la triple manifestation de la Premiere Pensee, combine deux structures triadiques, celle du Pere, de la Mere et du Fils, et celle du Son, de la Voix et de la Parole ou Logos.
Ce faisant, il construit une relecture polemique du prologue de l'Evangile de Jean, tout comme il integre nombre de materiaux traditionnels, ce qui nous amene a fixer sa composition dans la premiere moitie du IIIe siecle, dans un milieu ou on lisait et commentait le "Livre des secrets de Jean" et d'autres oeuvres gnostiques et non gnostiques, un milieu ouvert a des influences religieuses et philosophiques diverses, manifestement chretien. On situera volontiers ce milieu de culture chretienne dans le bassin oriental de la Mediterranee, en Egypte grecque ou en Syrie.Le present ouvrage offre une edition du texte copte de l'ecrit precedee d'une ample introduction et accompagnee d'une traduction francaise, d'un commentaire detaille et d'index lexicographiques et grammaticaux. On y trouvera une interpretation nouvelle d'un texte tout aussi fascinant qu'enigmatique.

v.35

Le Livre des secrets de Jean a recu, a juste titre, le nom de A" Bible gnostique A". C'est en effet dans ce traite que nous a ete conservee la version la plus complete du mythe auquel se referaient les gnostiques qui faisaient de Seth, troisieme fils d'Adam, leur ancetre. L'auteur y presente une synthese de l'histoire universelle. On assiste d'abord a la constitution d'un modele celeste concu a partir d'une Premiere Pensee du Grand Esprit invisible, Pensee qui se multiplie jusqu'a produire un modele parfait constitue de vingt-deux eons, dont le dernier est Sophia, la Sagesse. Mais celle-ci ne pourra resister au desir de construire ce modele au-dela du nombre parfait et donnera naissance a un 23e eon, celui de l'Archonte. Exclu du modele mais en gardant le souvenir, l'Archonte en construira une contrefacon, notre monde, dans lequel il manifestera cette part de connaissance dont il a depossede sa Mere.
Toute l'histoire de l'humanite, de la creation d'Adam au retour annonce de Seth a la fin des temps, doit alors etre interpretee comme une guerre de liberation de cette connaissance prisonniere, une guerre dont les hommes, partages en deux camps, seraient a la fois les victimes et les acteurs. Au moment oA' l'auteur ecrit, rien n'est joue, la domination de l'Archonte est encore universelle, mais grace a la revelation du A" Livre des secrets A", l'humanite dispose enfin de cette connaissance qui permettra a ceux qui appartiennent a la semence de Seth de trouver le chemin du retour vers ce monde intelligible auquel ils appartiennent. Cette version du mythe sethien, composee au cours du second siecle de notre ere, nous est parvenue sous deux formes dont la plus longue a retenu l'attention des commentateurs du fait de ses affinites avec l'Evangile de Jean.
Celle qui est publiee et commentee dans ce volume, la plus breve et la plus ancienne, n'a ete christianisee que superficiellement et conserve encore intacte une version du mythe sethien qui se presente, pour l'essentiel, comme une interpretation du modele biblique hebreu faite en fonction des regles de l'hermeneutique juive de la periode du Second Temple. Un document precieux pour notre connaissance des origines juives du mouvement gnostique.

v.34

On s'est plu a imaginer les auteurs gnostiques comme des solitaires misanthropes et leurs 'uvres, comme le resultat d'un prurit d'ecrire cause par leur haine du monde et des hommes. L'Interpretation de la gnose revele un auteur soucieux de la vie d'une communaute aux prises avec des divisions nees, du moins a ses yeux, de la jalousie. Dans le but de remedier a cette situation, il cherche a persuader son destinataire de la necessite de supporter les epreuves comme le Christ crucifie l'a fait. Il lui propose comme modele a imiter la patience de celui-ci devant le mepris et les moqueries dont il a ete l'objet, lui explique que les divisions dans la communaute sont l"uvre des archontes mauvais. Il reprend l'image paulinienne de l'Eglise corps du Christ et la tradition greco-romaine des discours de reconciliation, utilisant cette image pour exhorter son destinataire, peut-etre une femme si l'on en juge par l'emploi d'exemples mettant en scene des figures feminines dans la premiere partie de l"uvre, a se satisfaire de la place qui est la sienne dans la communaute.
L'Interpretation de la gnose, le commentaire le montre, est vraisemblablement le produit d'un milieu valentinien ou influence par le valentinisme. Son caractere gnostique, dont le titre a lui seul ne constitue pas une preuve, est donc indeniable. Cet ecrit est a ranger, a cote d'autres textes gnostiques, parmi les ecrits de circonstances: l'Hypostase des archontes, dont l'auteur, qui y reprend un materiau gnostique traditionnel, s'evertue a rassurer son destinataire - peut-etre une femme ici aussi, representee dans le texte par Norea -, en lui demontrant que les archontes ne peuvent rien contre lui; l'Evangile de Judas et le Temoignage veritable qui, s'inscrivant dans une longue tradition biblique et extra-biblique du refus des sacrifices sanglants, prennent position contre une theologie sacrificielle exaltant le martyre et proposent plutot a leurs destinataires une legitimation theologique de son refus.

v.5


v.6


v.11


v.19

Ce volume propose une edition du texte copte du Traite tripartite accompagnee d'une traduction francaise et d'une introduction, ainsi que d'un commentaire detaille a la fois philologique et doctrinal. Des index des termes coptes et greco-coptes, ainsi qu'un index des termes techniques grecs employes dans le commentaire, completent l'ensemble. L'etablissement du texte copte differant en maints passages de celui de l'edition princeps, le volume marque un progres majeur dans notre connaissance de cet ecrit, un des plus longs de la collection Nag Hammadi. Le contenu du traite est tres important puisqu'il s'agit d'un expose valentinien de theologie systematique. Dans un cadre conceptuel emprunte a la physique entendue au sens philosophique du terme, il systematise une histoire du salut de type judeo-chretien doublee d'une mysteriosophie, c'est-a-dire une mythologie dotee d'une base rituelle.

v.30

Le traite intitule "L'Allogene" (litteralement "d'une autre race", "etranger") est une apocalypse qui raconte la montee dans l'au-dela d'un personnage denomme Allogene et les revelations qu'il y recoit de la part d'etres divins. Ce traite appartient a un courant qui a du se developper apres 220 de notre ere (puisqu'il est inconnu d'Irenee et d'Hippolyte), probablement en Occident. Vers 300, Porphyre, dans sa "Vie de Plotin", declare que le philosophe s'en prit a certains gnostiques qui "produisaient des apocalypses de Zoroastre, de Zostrien, de Nicothee, d'Allogene, de Messos et d'autres figures du meme genre" (16). La plupart des specialistes pensent que les traites "Allogene" et "Zostrien" retrouves a Nag Hammadi (NH XI, 3 et VIII, 1) doivent etre identifies aux revelations mentionnees par Porphyre. "L'Allogene" appartient a un ensemble d'ecrits, designes sous l'appellation de "traites platonisants sethiens", qui comprend outre les deux traites connus de Porphyre, les "Trois Steles de Seth" (NH VII, 5) et "Marsanes" (NH X).
Ces quatre traites partagent une metaphysique et une ontologie caracteristiques de Plotin et des neoplatoniciens tardifs, ainsi que de certaines sources medioplatoniciennes. Les particularites linguistiques et les nombreuses difficultes que presente le texte copte de "L'Allogene" indiquent qu'il s'agit tres certainement d'un ouvrage originellement compose en grec et dont le vocabulaire metaphysique d'une grande technicite a du representer un defi de taille pour ses traducteurs coptes. L'original grec a vraisemblablement ete compose quelque part en Mediterranee orientale, peut-etre a Alexandrie, vers 240, pour ensuite aboutir a Rome au milieu du IIe siecle, ou il fut lu et refute dans l'ecole de Plotin. C'est dire son importance pour l'histoire du gnosticisme et pour celle du platonisme. Le present volume offre une introduction au traite, un texte copte nouvellement etabli, une traduction francaise et un "index verborum".

v.28

Comment devient-on Pretre du Tres Haut? Rien de plus aise que d'interroger Melchisedek lui-meme, puisqu'il est eternel, comme son sacerdoce. Entre l'apocalypse de Gamaliel, qui fut a l'origine de sa vocation, et les revelations de mysterieux messagers, qui l'assurent de vaincre a la fin des temps toutes les puissances de ce monde opposees a son ministere, Melchisedek celebre sous nos yeux la liturgie du Grand Pretre celeste: il s'offre en action de graces au Pere du Tout avec tous les siens; il recoit et dispense un bapteme d'eau qui inonde de lumiere celeste et ramene a leurs origines transcendantes les fils de Seth. Demeurant sur terre de l'origine a la fin des temps, il est le maillon le plus proche d'une longue chaine de remontee des ames lumineuses. Par ses nombreuses references christologiques, ses positions antidocetes et son exegese paradoxale de l'Epitre aux Hebreux, ce traite represente un cas extreme de christianisation de la gnose sethienne. Le texte copte etabli par Wolf-Peter Funk ameliore substantiellement celui de l'Editio Princeps (1981).
L'introduction de Jean-Pierre Mahe montre la coherence de cet ecrit, qui, sous une apparence apocalyptique, est en fait essentiellement liturgique et communautaire; elle en precise les liens avec la tradition sethienne. Tout en resolvant les nombreuses difficultes que pose la lecture d'un texte extremement lacunaire, le commentaire de Claudio Gianotto eclaire l'interpretation gnostique du personnage de Melchisedek et articule ses rapports avec le Christ des Evangiles et le Sauveur celeste.

v.25

"La paraphrase de Sem" est un long traite qui ouvre le Codex VII du corpus de Nag Hammadi. Le present volume constitue la premiere interpretation d'ensemble de ce texte gnostique repute pour sa complexite et son apparente incoherence. L'introduction tres elaboree analyse le manuscrit, la langue de l'ecrit, son genre litteraire, les procedes narratifs utilises par l'auteur et propose un plan detaille. L'etude poussee du systeme montre que le traite met en oeuvre une vision du monde coherente dont les donnees sont puisees dans la Bible, le stoicisme et le moyen platonisme, avant tout celui de Numenius et des Oracles chaldaiques. L'introduction situe en outre l'ouvrage dans le corpus de Nag Hammadi, etudie ses relations avec la Paraphrase de Seth, en determine la provenance et la date. Le texte copte est accompagne d'une traduction en colonnes et muni d'un apparat critique. Une traduction structuree qui met en evidence les procedes narratifs s'ajoute a la traduction en colonnes. Le livre est pourvu d'index greco-copte, copte et des noms propres.

v.24

Occupant la presque totalite du Codex VIII, "Zostrien" est le plus long traite de la Bibliotheque de Nag Hammadi. Il figure aussi au premier plan de l'histoire des idees dans l'Antiquite tardive, puisqu'il fut lu et refute dans l'ecole de Plotin, a Rome, dans la seconde moitie du IIIe siecle, et qu'il presente des paralleles frappants avec une des sources utilisees par Marius Victorinus. Par son fort contenu philosophique, "Zostrien" jette un eclairage nouveau sur l'histoire du platonisme avant et autour de Plotin. La presente edition offre un texte copte nouvellement etabli de cette oeuvre capitale, accompagnee d'une traduction francaise, d'une ample introduction, d'un commentaire exhaustif et d'index complets greco-copte, copte et des noms propres. Cet ouvrage interessera les coptologues, les specialistes du gnosticisme et les historiens de la philosophie.

v.21

L'analyse de la composition de ce traite a partir de la rhetorique hellenistique permet de constater qu'il a ete redige avec un grand souci de coherence et de croire qu'il a ete concu comme un ouvrage de propagande gnostique destine a des lecteurs juifs. Deux series de transformations semblent toutefois avoir bouleverse l'arrangement de ses parties et modifie la fonction de certaines figures, dont celle de Sabaoth. C'est du moins ce qui permet d'expliquer au mieux l'impression simultanee de coherence et de desordre que ce traite produit chez son lecteur. Cette nouvelle edition et traduction jette une lumiere neuve sur un des traites les plus fascinants de la collection de Nag Hammadi et sur les liens avec Eugnoste le Bienheureux (NH III,3 et VI,1), qui sont d'une importance capitale pour l'histoire du gnosticisme.